Victor Hugo avec famille et amis sur la terrasse de Hauteville House
Actualité

Victor Hugo et ses proches

Publié le 28 avril 2020

La Maison de Victor Hugo Paris-Guernesey regorge de documents, de photographies et d’œuvres retraçant la vie du célèbre écrivain. Parmi ces ressources, de nombreuses lettres, photographies et tableaux permettent de dresser le portrait de sa famille.

Découvrez les proches de Victor Hugo et leurs parcours pour mieux comprendre la vie de l’écrivain !

Sophie Trébuchet - sa mère

Sophie Trébuchet

© Maisons de Victor Hugo/Roger-Viollet

Anonyme. "Sophie Trébuchet", début XIXème. Paris, Maison de Victor Hugo.

Un seul dessin représentant Sophie Trébuchet, la mère de Victor Hugo nous est parvenu. Il la montre dans la force de l'âge, le profil bien marqué et la toilette soignée. Mais, peut-on deviner son caractère ?

Sophie Trébuchet reçoit de ses grands-parents une éducation voltairienne et anticléricale. À 24 ans, elle rencontre Léopold Hugo, alors soldat de l'armée républicaine, qu'elle épouse en 1797. De cette union naissent trois fils, Abel en 1798, Eugène en 1800 et Victor en 1802. Sophie suit d'abord Léopold au gré des affectations militaires, mais la carrière de son époux se complique quelques mois après la naissance de Victor, et Sophie quitte la famille pour plaider la cause de son mari auprès de Joseph Bonaparte. Son intervention favorise la carrière de Léopold, mais les distensions entre les époux s'aggravent. Aux différences de tempérament s’ajoutent désormais des divergences politiques. À Paris, Sophie, proche du général Lahorie, anti bonapartiste, lui offre l’hospitalité lorsqu’il est traqué par la police. La chute de l’Empire correspond dans la vie du couple au déchaînement de lettres, d’actions et de procédures, qui ne se terminent qu’en 1818 par le jugement de séparation en faveur de Sophie. Abel, Eugène et Victor sont durant ces années des témoins de toutes les tempêtes.

Le général Léopold Hugo - son père

Le général Léopold Hugo

Julie Duvidal de Montferrier, "Le général Hugo avec ses frères Louis et François et son fils Abel", vers 1813. Paris, Maison de Victor Hugo

© Maisons de Victor Hugo/Roger-Viollet

Ce tableau a été un cadeau pour le beau-père. Il montre le "clan" Hugo, avec quatre hommes en uniforme, prenant tout l'espace d'une toile assez grande (118 x143 cm). Pourtant, au moment où le tableau est peint, la situation de la famille n'est pas brillante... Comment expliquer ce mystère ?  

L'homme le plus mis en avant sur cette toile est Léopold Hugo, le père de l'écrivain. Fils d'un menuisier, il fait une rapide carrière militaire. Entrée dans l'armée révolutionnaire encore adolescent, il devient général et collaborateur proche de Joseph Bonaparte, en tant que gouverneur de la province de Madrid. Le tableau le représente en uniforme d'apparat entouré de ses deux frères : Louis et François. Le plus jeune des hommes est Abel Hugo, frère de Victor et secrétaire de Joseph Bonaparte. Ce portrait montre Léopold en pleine lumière, arborant les médailles de chevalier de la Légion d’Honneur, de l'Ordre royal d’Espagne, d'officier de la Légion d’honneur, de l'ordre de l’Etoile polaire - peu de temps avant sa mort.  Léopold passe ses dernières années à Blois, où il vit avec sa seconde femme. Mis d'abord en demi-solde, puis à la retraite pour avoir participé aux Cent Jours, il tente toutefois à favoriser la carrière de ses fils et à renforcer la position sociale de la famille Hugo. Léopold Hugo meurt en 1828, n'ayant connu que des débuts littéraires de son plus jeune fils.

Adèle Foucher - sa femme

Adèle Foucher

© Maisons de Victor Hugo/Roger-Viollet

Julie Duvidal de Montferrier, "Adèle Foucher", vers 1820. Paris, Maison de Victor Hugo

Ce portrait d'Adèle Foucher date probablement de l'époque de ses fiançailles avec Victor Hugo, en 1820.  Adèle, amie d'enfance, a partagé les jeux de deux frères Hugo : Eugène et Victor.  Les fiançailles avec Victor se font toutefois un secret et les jeunes gens se fréquentent en cachette...

Le tableau montre une jeune fille belle et probablement bien décidée ! Adèle et Victor pour vaincre les réticences de leurs familles doivent patienter, argumenter, négocier… Adèle n'hésite pas à rencontrer Victor malgré l'interdiction prononcée par les parents, ni à leur montrer une véritable résistance. En 1821 meurt la mère de Victor fortement opposée à cette union, aussi après la période de deuil, Victor et Adèle peuvent se marier. La publication du premier recueil de poésie - "Odes et ballades" rend aussi plus facile l'installation du jeune couple.

Léopoldine - sa fille aînée

Léopoldine Hugo

© Maisons de Victor Hugo/Roger-Viollet

Auguste de Chatillon, "Léopoldine au Livre d'heures",1835. Paris, Maison de Victor Hugo

Peint par un ami de la famille, ce portrait est un cadeau pour l'anniversaire de Léopoldine Hugo. Mais, quel âge peut avoir cette jeune personne ?

Le tableau comporte deux dates - celle de la naissance de l'enfant et celle de l'achèvement de l'œuvre. Représentée assiste, tournée de trois-quarts vers le spectateur, Léopoldine tient sur ses genoux un grand livre nommé "Livre d'heures". Il s'agit en effet, d'un livre ancien, richement illustré et servant à apprendre et lire les textes de prières. A onze ans, Léopoldine était en train de préparer sa première communion qui a eu lieu l'année suivante. Fille aînée, Léopoldine reste très proche de ses parents, lorsque ceux-ci prennent leurs distances, ne cessant de réclamer la présence et l'attention du père en dépit des obligations ou des voyages qui l'éloignent du foyer. Léopoldine est aussi celle par laquelle les parents découvrent les étapes de l'enfance, l'émotion de la première communion, du premier bal, enfin, le déchirement du départ de la jeune mariée. Son déménagement puis sa disparition marquent la fin de l'enfance bénie de la fratrie. Morte à 19 ans, lors d'un accident de navigation, Léopoldine est enterrée à Villequier avec son époux.

François-Victor - son fils

François-Victor Hugo

© Maisons de Victor Hugo/Roger-Viollet

François-Victor Hugo, Photographie de Charles Hugo, 1853. Paris, Maison de Victor Hugo

Charles Hugo photographie son frère en contre-plongée, ce qui lui donne un aspect de fierté ou de défi. Quel pouvait être le caractère de ce fils de Hugo ?

Cette photographie, prise en plein air en 1853 demande un temps de pose relativement important. L'appui sur le muret, ainsi que la main posée sur la hanche sont peut-être plus liés à cette contrainte technique qu'au choix de la mise en scène.  Portant le même prénom que son père, enfant, le garçon est surnommé Toto. Jeune homme engagé politiquement il fonde un journal avec ses proches et commence à signer ses articles François-Victor. Après une peine de prison de neuf mois pour un article en faveur des proscrits, il rejoint sa famille en exil en 1852 et entreprend une œuvre colossale : la traduction des œuvres complètes de Shakespeare qu'il achève en 1866. Il décède des suites de tuberculose à l'âge de 45 ans.  Sa traduction de Shakespeare est réputée comme à la fois fidèle au texte original et adaptée au jeu scénique en français. Elle reste encore utilisée par certains metteurs en scène.

Charles - son deuxième fils

Charles Hugo

© Maisons de Victor Hugo/Roger-Viollet

"Album Asplet folio 69, photographie de Charles Hugo", Photographie d'Auguste Vacquerie, 1853-1854. Paris, Maison de Victor Hugo

Cette photographie montre un homme doté de grande moustache dont le noir profond souligne la pâleur du front. Serait-il un homme des contrastes ?

Charles Hugo, d'abord journaliste comme son frère ainé, purge également une peine d'emprisonnement pour un article dénonçant la peine de mort. Après sa libération, le plus jeune fils Hugo s'initie à la photographie, dès 1852 auprès d'un photographe normand - Edmond Bacot. Il installe à Jersey un "cabinet noir" et achète du matériel photographique.   Avec son ami Auguste Vacquerie, ils réalisent tous deux plusieurs portraits des proches.  Charles Hugo expérimente avec plusieurs techniques photographiques. Il meurt subitement en 1871. Il laisse deux enfants : Georges et Jeanne.

Adèle - sa plus jeune fille

Adèle Hugo

© Maisons de Victor Hugo/Roger-Viollet

Adèle Hugo (fille), Anonyme, entre 1853 et 1855, Paris, Maison de Victor Hugo

Adèle est la plus jeune des enfants Hugo. Que regarde-t-elle - le livre posé sur ses genoux ou bien le chat qui s'y est installé ?

Après une enfance heureuse, mais marquée par la crise du couple de ses parents, à 13 ans Adèle doit faire face au grand drame familial - la mort de Léopoldine. Ce long et douloureux deuil est suivi de près par un autre bouleversement : l'arrestation de deux frères et l'exil politique du père. Ainsi, à 22 ans Adèle se retrouve en exil avec sa famille. Après un court séjour à Bruxelles, la famille s'installe d'abord sur l'île de Jersey, puis celle de Guernesey. Bénéfiques pour le père, ces lieux le sont moins pour la jeune fille.  Souvent malade, elle fait avec sa mère des séjours en Belgique ou en France. Elle est une pianiste douée et compose. Mais, sa déception amoureuse se transforme en maladie mentale. Après un long voyage où elle pensait retrouver et épouser Albert Pinson, lieutenant anglais en service au Canada, elle rentre en France, mais doit être soignée dans une maison de santé, où elle passe le reste de sa vie.

Juliette Drouet - sa maîtresse

Juliette Drouet

© Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Portrait de Juliette Drouet, Joseph Maes, avant 1883, Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Peint quelque mois avant la mort de Juliette Drouet, ce portrait la montre déjà gravement malade, mais ne devine-t-on pas une beauté et force de caractère ?

Juliette Drouet rencontre Victor Hugo en 1833, jouant un petit rôle dans une de ses pièces. C'est un coup de foudre immédiat. Malgré bien des épreuves cet amour dure cinquante ans.  Alors que Victor doit faire face à la mort prématurée de Léopoldine, Juliette perd sa fille Claire, âgée de 20 ans. En décembre 1851 Juliette organise la fuite de Victor Hugo lors du coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte. Elle sauve aussi ses manuscrits.  Longtemps ne pouvant pas habiter ensemble, Juliette et Victor échangent plus de vingt mille lettres.  Très attachée aux enfants de Victor, elle remplit aussi le rôle de grand-mère auprès de Georges et Jeanne Hugo. 

Georges et Jeanne - ses petits-enfants

Victor Hugo avec Georges et Jeanne

"Victor Hugo avec Georges et Jeanne". Photographie d'Achille Mélandri, Paris, Maison de Victor

© Maisons de Victor Hugo/Roger-Viollet

Cette photographie représente un grand-père entouré de ces deux petits enfants : Georges et Jeanne. 

Les enfants de Charles Hugo ont à peine connu leur père. Georges est né en 1868 et Jeanne l'année suivante, alors que Charles meurt subitement en 1871. Victor Hugo s'occupe beaucoup de ses petits-enfants, pour qui il invente des jeux, des histoires et des poèmes. Le jeune Georges lui donne un jour un surnom : ce sera "Papapa".